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Connais-toi toi-même avec la militante du porno éthique, Olympe de G !

Bonjour Olympe de G., quel plaisir de te poser quelques questions pour le blog aujourd’hui. Cinéaste érotique militant pour une pornographie éthique et féministe, on te suit depuis un moment chez Keep A Breast et on ne sait comment te remercier pour tout ce que tu fais pour les changements des normes sociétales. Chez Keep A Breast, comme partout, on en a bien besoin.

Il y a quelques temps, tu recommandais avec enthousiasme sur ton compte instagram, des photos de notre appli d’aide à l’autopalpation. Est-ce que tu pourrais nous expliquer comment tu as connu l’appli et ce qui t’a séduite ? 

Olympe : Je ne sais plus comment j’ai connu l’application, mais c’était une période pendant laquelle quelqu’un de très très proche de moi avait été diagnostiquée d’un cancer du sein. Moi-même, j’étais passée par toute une batterie d’examens très stressants, mammo, IRM, biopsie… J’étais donc très sensible au sujet de la prévention du cancer du sein et j’ai trouvé l’application toute simple et bien faite. 

Est-ce qu’avant de connaître l’appli tu pratiquais déjà l’autopalpation ? Qu’est-ce que t’as apporté l’appli au final ?

Olympe : Non, pas vraiment. Et j’ai toujours du mal à inclure l’autopalpation dans ma routine je dois dire. Surtout que je suis toujours suivie de près par un spécialiste du cancer du sein. Mais j’aimerais bien réussir à incorporer ce geste à mes habitudes de santé et bien être. C’est une excellente option pour surveiller son corps, surtout quand on est potentiellement à risque comme moi.

Le but de l’autopalpation, avant même de prévenir le cancer du sein, c’est avant toute chose de connaître son corps afin de connaître sa normalité mais aussi de pouvoir reconnaître une anormalité lorsqu’elle se présente. Au-delà d’une rencontre avec soi-même ou avec son plaisir, l’exploration de son corps pour sauver sa propre vie, ça te parle ?

Olympe : Oui bien sûr, je m’intéresse aussi à l'auto gynécologie, par exemple. Apprendre à observer son col, est aussi une démarche que j’aimerais sincèrement m’approprier. Peut-être rejoindre un atelier de femmes pratiquant l'auto gynécologie me permettra-t-il de me lancer vraiment. Et bien sûr, dans le domaine sexuel, je suis convaincue que l’exploration de son corps et de son plaisir en solo (par la masturbation ou juste les moments en pleine conscience avec son corps) permet de reconnaître et de définir ses limites. Pour ensuite les communiquer à un.e partenaire.

Notre société est bourrée de tabous et de normes genrées qui nous imposent des règles de savoir vivre auxquelles Keep A Breast s’oppose, car au-delà d’une perte de libertés, c’est surtout un danger dont il est parfois question. De nombreuses femmes n’osent pas, par peur des conséquences. Elles n’osent pas consulter un médecin alors que ça pourrait leur sauver la vie, elles n’osent pas dire stop lors de traitements qui ne se passent pas bien, elles n’osent pas poser leurs questions lorsqu’elles sont perdues, elles n’osent pas s’afficher avec leur alopécie… tant d’injonctions et de tabous, malade ou pas malade, les empêchent d’être telles qu’elles sont. C’est un sujet qui te tient à cœur ?

Olympe : Je pense ici particulièrement aux maltraitances médicales dans le domaine de la gynécologie et de l’obstétrique. Mais aussi lors de n’importe quel geste médical. Je me rappelle avoir subi une biopsie du sein désastreuse et traumatisante. Ou des moments chez un ostéo très malaisants. Je me dis qu’il est essentiel qu’en tant que femmes nous apprenions à exprimer fort nos limites et notre consentement. Le monde change trop lentement, la culture du consentement met trop de temps à s’installer, les rapports de pouvoir restent globalement encore trop impensés, je pense (avec tristesse mais résignation) qu’il est plus efficace d’apprendre à réagir vite et fort, plutôt que d’attendre que le monde autour de nous évolue. Ma solution, ce serait de s’entraîner seule ou entre femmes à dire : non, là c’est ma limite. Ne me touche pas. Stop, ça me fait mal. Répéter encore et encore, jusqu’à ce que ça devienne un automatisme. Je sais qu’il y a des stages d’autodéfense féministe… J’aimerais bien y participer. Car malgré toutes mes réflexions sur le consentement, malgré mes 38 ans, quand on me touche d’une façon qui ne me plaît pas, il m’arrive encore de rester interdite, pétrifiée, de ne pas savoir quoi faire. Comme un lapin dans les phares. Face à ça, cette propension à se geler sur place quand on transgresse nos limites, je pense qu’il faut se reconditionner, faire de l’autodéfense une nouvelle nature, un nouveau réflexe. 

Sur ton site, on peut lire que tous les bénéfices de tes films sont donnés à des associations qui te sont chères, comme Amnesty International, le Strass ou la Fondation des Femmes. Est-ce que tu peux nous expliquer ta démarche ? 

Olympe : J’ai mis en place cette idée de reverser les bénéfices à des asso quand je me suis lancée dans le porno, en 2017. Je voulais montrer que le porno peut faire du bien… et faire le bien. Que filmer le sexe peut-être le fruit d’une démarche engagée et humaniste, et non pas relever d’une logique commerciale comme sur les plateformes de X mainstream. Je reviens un peu de cette façon de travailler, car après plusieurs années, et une carrière sous le nom d’Olympe de G. qui me prend de plus en plus de temps, j’ai besoin de commencer à toucher un peu d’argent ! Pour mon dernier film, Une dernière fois, je vais essayer de toucher un peu d’argent, pour changer. Et Voxxx est passé en accès payant, afin qu’on puisse enfin commencer à se rémunérer en tant que fondateurs. 

On a décidé de lancer un podcast ! Le Sein podcast est une série audio spécialement dédiée aux lolos… toi qui a lancé Voxxx et Coxxx, deux podcasts dédiés aux plaisirs personnels, as-tu des conseils à nous donner dans ce domaine ? On est preneuses !! 

Olympe : Se focaliser sur ce qu’on a vraiment envie de communiquer; Partir de soi-même, c’est la clé ! Et puis investir dans une production agréable à écouter, je trouve ça important pour le confort d’écoute, pour que le message qu’on a envie de transmettre passe bien. 

Merci infiniment Olympe pour tes conseils et ton temps aujourd’hui ! C’était un véritable plaisir et un vent de fraîcheur a soufflé sur le blog aujourd’hui grâce à ta présence. On te souhaite le meilleur pour nous offrir le meilleur et on te dit à très bientôt ;) À toutes celles et ceux qui veulent soutenir le podcast, sachez que comme nous sommes une association, il dépend des dons… c’est par ici que ça se passe.