Keep A Breast Europe

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Témoignage de Fanny Leeb

 

Cet été comme chaque année le clan Leeb s’est rassemblé dans un lieu paradisiaque de nos côtes girondines. A cette occasion Fanny Leeb a accepté de recevoir l’équipe de Keep A Breast et de devenir la Marraine de notre association.

Nous avons pu faire son buste en plâtre pour une exposition de sensibilisation prochaine, lui présenter notre Application « Keep A Breast » qui sort en Octobre 2020, et recueillir son témoignage.

Célébrant cet été un an de rémission, elle témoigne et plaide pour l’autopalpation :

« 2018 était une année assez intense professionnellement, en Décembre j’étais dans un studio d’enregistrement, j’en suis sortie pour chercher de l’eau chaude et me préparer un thé. Je portais le petit gobelet mais n’avais pas remis le capuchon par-dessus, en revenant au studio j’ai donné un gros coup de pied dans la porte qui était assez lourde, et le gobelet a valsé, l’eau est passée par-dessus ma veste et m’a brûlée au niveau de la poitrine.

J’ai surveillé la brûlure pendant quelques jours, la peau a formé une sorte de croûte, et peu de temps après, machinalement, j’ai tâté ma peau à l’exact même endroit mais sur le sein opposé, vraiment symétriquement, et c’est là que j’ai senti une petite boule…

 

J’ai vite consulté un médecin, suis passée rapidement par la case mammographie, et même si l’attente des résultats semble longue, quand le diagnostic est tombé, le temps s’est arrêté, je me suis sentie assommée. Je n’ai pas réalisé ce qui se passait, enfin pas vraiment, pas avant de devoir appeler mes proches pour leur annoncer la nouvelle. Ce n’est pas dans l’ordre des choses. On est tous très proches…

 

D’une certaine manière ce cancer a été un électrochoc nécessaire. J'ai eu deux années très difficiles avant mon cancer. Je n'arrivais pas à trouver ma place aussi bien en tant qu'artiste, parce que c'est un milieu difficile. Je me remettais en question énormément. Je n'avais pas confiance en moi. J'étais la fille de. Il y avait plein de facteurs qui faisaient que je n'arrivais pas à trouver ma place. Ce cancer, il est arrivé et il a remis les pendules à l’heure.

 Ils ont dû se réunir là-haut et se demander :

 « - qu'est-ce qu'on va lui faire à Fanny parce qu’ elle n'est pas bien et elle n'a pas l'air de se rendre compte que la vie est formidable 

-Oh bah, un cancer du sein devrait remettre les pendules à l’heure ? »

J’ai eu une enfance très heureuse, une famille très soudée, mais je n’arrivais pas forcément à trouver ma place, je n’étais pas en phase avec moi-même, je partais dans tous les sens, j’étais un peu perdue.

 

En fait j’ai eu beaucoup de chance. Si je ne m’étais pas brulée je ne sais pas si j’aurais trouvé cette petite boule. On ne parle pas assez de l’importance de l’autopalpation. Se palper pour les femmes c’est vraiment très très important. Il faut le faire, il faut le faire toutes les semaines ! Il ne faut pas hésiter à se palper, à apprendre à le faire, et y compris quand on est jeune.

Moi je suis un très mauvais exemple, je ne le faisais pas, je ne me faisais même pas suivre régulièrement par un gynécologue. J’ai eu beaucoup de chance, un ange gardien m’a bousculée et m’a fait me brûler à cet endroit-là exactement. Si je n’avais pas eu ça je sais pas où j’en serais aujourd’hui. Mais bon je ne veux pas y penser.

 

 Moi qui habituellement me vois comme quelqu’un de fragile, j’ai très rapidement eu la certitude que je gagnerais ce combat, il n’y avait pour moi pas d’autre issue possible.

 

Après le diagnostique j’ai compris la chance que j’avais d’être si bien entourée, d’avoir des opportunités professionnelles, je ne me suis plus sentie dans l’ombre de personne, tout d’un coup je me suis révélée, j’étais moi. j’ai été très entourée , très soutenue, par mes proches et mes fans, je n’ai jamais douté que j’allais m’en sortir. Je ne me suis plus laissé envahir par les tracas du quotidien, les énergies négatives.

 

D’ailleurs je n’ai pas caché grand-chose de mon combat contre le cancer. Très vite j’ai voulu en parler, à mes proches, mes collaborateurs, et mon public aussi: j’avais une version très agressive du cancer du sein, et j’étais relativement jeune, on ne parle pas suffisamment de l’importance d’effectuer son autopalpation, c’est vraiment un geste qu’il faut pratiquer tous les mois ; Mais j’ai aussi voulu parler maquillage, effets secondaires…

 

Mon frère Tom était vraiment très présent, il avait une tondeuse et me disait régulièrement « c’est quand tu veux hein », je suis prêt, avec un grand sourire. Un jour je me suis passée la main dans les cheveux et une poignée est restée entre mes doigts.  J’ai hurlé « Tom » et voilà, c’était le moment, il a sorti la tondeuse… et beaucoup d’humour !

 

Pendant le traitement je continuais à travailler, j’ai joué carte sur table, « j’ai un cancer mais ne vous inquiétez pas on va avancer ! ». Bon au fur et à mesure de la chimiothérapie je savais quand je pouvais travailler, et  quand je devais me reposer, alors on s’est organisé. Ce troisième album est bien sûr influencé par ce que je traversais. Surtout le titre « Fearless ». Mais j’avais pas envie de cacher aux gens ce qui se passait, de faire semblant que tout allait bien. Ma vie a été chamboulée du jour au lendemain, je voulais assumer et en parler, que mon expérience serve à quelque chose. J’ai reçu beaucoup de réactions positives, et en assumant, sans le savoir j’ai encouragé beaucoup de femmes à assumer elle aussi leur tête chauve, leur féminité malgré la maladie. En fait leurs messages m’ont moi aussi portée, savoir que je leur faisais du bien m’a donné beaucoup d’énergie… on s’est donné de la force mutuellement

 

Pendant le traitement j’avais perdu beaucoup de poids mais j’ai remonté la pente, le cancer était très agressif, le traitement a duré 7 mois, on ne savait pas comment mon corps allait réagir aux traitements, j’y croyais mais en même temps on ne savait pas trop ou on allait. Le moral a vraiment été important, ça m’a aidée

 

Aujourd’hui je vais bien, je croque la vie à pleine dent, j’ai appris à beaucoup relativiser, mais je gère aussi mon rythme, mes engagements et mes projets pour garder du temps pour moi ; Ce qui ne m’empêche pas de m’engager et quand je le peux de me faire porte-parole de la lutte contre le cancer du sein.

Je suis pleine de vie j’ai plein de projets, j’ai envie de faire plein de trucs, mais je dois aussi apprendre à me poser…

Je suis vraiment heureuse d’apporter mon soutien à Keep A Breast, car j’ai réalisé à quel point il était important de se palper, de connaître sa poitrine. Je ne sais pas où je serais si je n’avais pas eu cet accident, alors je voudrais pouvoir faire passer le message à autant de femmes que possible, faites votre autopalpation, apprenez à connaître votre poitrine, aimez-vous, croquez la vie !”

Merci Fanny pour ce témoignage !