Keep A Breast Europe

View Original

Fanny, entrenoue on lui tire notre chapeau ! ;)

Bonjour Fanny et merci mille fois de te prêter au jeu de l’interview pour l’asso !

Cela fait longtemps qu’on te suit et ça nous remplit de joie et d’excitation de d'interviewer aujourd’hui, et on est certaines que toutes les lectrices seront aussi RAVIES lorsqu’elles découvriront ton activité (si elles ne la connaissent pas déjà).

#Kfighteuse en rémission, entrepreneure créative mais aussi et surtout créatrice de sens, ton combat est devenu ton moteur et t’a donné des idées... Et quelles idées ! Mais on y reviendra ;)

Mais avant toute chose, abordons le commencement de cette aventure, le sujet qui a bouleversé ta vie : le cancer du sein. Peux-tu nous raconter comment s’est passé le diagnostic pour toi ? Du moment précis où tu t’es dis qu’il y avait un souci, jusqu’à l’annonce officielle ? 

Fanny : Comme j’explique souvent, je dois ma grande vigilance à mes parents. Depuis aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours su que cette partie du corps d’une femme était fragile, et encore plus chez moi. Dans la famille on a une histoire éprouvante avec le cancer du sein, j’ai grandi en ayant conscience de mes risques, au fond de moi j’ai toujours su que je traverserai la même chose que ma grand-mère et que ma tante. Je me faisais suivre une fois par an depuis l’âge de mes vingt ans, je connaissais mes seins et j’ai découvert une masse, un soir par hasard, allongée dans mon lit, en passant mes doigts sur mon sein gauche. J’ai pris rendez-vous dès le lendemain avec ma gynécologue car une boule si volumineuse qui semble être arrivée du jour au lendemain, ce n’est pas normal. Une échographie a suivi, une mammographie, une biopsie puis une IRM. J’ai su, au regard des images, que ce nodule n’était pas comme les autres. Avec mon père, on savait. L’oncologue a prononcé les mots qu’on redoutait « cancer agressif de la jeune femme, triple négatif, stade trois, grade trois, chimiothérapie ».

Et dans ta tête, à ce moment-là, que se passe-t-il ? Tu es passée par différentes phases d’acceptation ?

Fanny : Lorsqu’on vous annonce que vous avez une maladie qui risque de vous tuer si on ne fait rien maintenant, c’est comme une sensation de chute libre. Surtout quand vous savez très exactement ce qui vous attend car le cancer est loin d’être un étranger. Et je pense qu’à 26 ans on est à mille lieues d’envisager ça. Ça chamboule tellement que le souvenir de l’annonce est flou et que je n’ai rien entendu de la suite du rendez-vous. J’ai simplement l’image de mon père désemparé et celle des regards tellement désolés de l’oncologue et de la chirurgienne. J’ai, comme beaucoup de malades fraîchement diagnostiqués, traversé la peur, le déni, puis l’acceptation et l’envie de me battre.

Comme tu le sais, chez Keep A Breast, nous travaillons particulièrement à la prévention et au soutien face au cancer du sein, grâce à la pratique des arts et du sport. Est-ce que l’art a été une forme de refuge pour toi ? Et le sport ?

Fanny : Le sport a été mon moteur pendant toute la durée des traitements. J’avais vu les bienfaits sur mon père lorsqu’il avait lui-même vécu la chimiothérapie deux ans plus tôt. Le sport a été ma solution pour garder confiance en moi, réussir à me dépasser dans un moment où tout me prédestinait à être diminuée, limiter les effets secondaires de tous ces produits chimiques. J’ai aussi dessiné car cette activité permet de s’apaiser, de ne penser à rien, tout simplement. Lorsque mes capacités de concentration sont revenues et que les nausées et douleurs dans les doigts ont disparu, je me suis remise à la couture avec l’idée en tête de me réaliser des turbans jolis, confortables, à ma taille et faciles à enfiler.

Pendant ton combat, tu as subi une opération et des traitements lourds : une double mastectomie et des mois de chimio et de radiothérapie. Ces traitements ont trait à ce que la société a tendance à associer à la féminité, comment est-ce que tu as vécu ces changements ? 

Fanny : Je crois que j’ai surtout essayé de surmonter la perte de mes cheveux du mieux que je pouvais, avec les armes qui étaient les miennes et avec l’envie de ne pas m’apitoyer trop longtemps car il s’agit d’une perte de temps et d’énergie et qu’il vaut mieux se concentrer sur la guérison. J’ai eu envie de trouver du positif en créant mes turbans malins pour tenter de répondre aux besoins des femmes qui se retrouveraient dans ma situation. Ce positif donne aujourd’hui du sens à mon quotidien et en donne même un petit peu à mon combat. J’essaie chaque jour de mettre une grande dose d’amour, de soutien et de douceur dans mes confections artisanales et sur mesures, avec l’espoir que ça puisse apporter un peu de réconfort à une sœur de combat.

A propos de l’ablation de ma poitrine, il y aurait trop à dire, je chemine encore chaque jour car cette perte-ci est définitive et bien plus mutilante. Cette étape était nécessaire, il n’y a donc jamais eu de place aux regrets, en revanche le travail d’acceptation de son nouveau soi peut prendre du temps…

Tu reverses aussi une partie des bénéfices à la recherche contre le cancer, Entrenoue, c’est la suite logique à ta rémission ?  

Fanny : Bien sûr. Presque cinq ans après mon diagnostic, je suis encore là, en rémission et j’ai conscience de ma chance chaque fois que le jour se lève encore pour moi. J’aimerais qu’un jour on n’ait plus à mourir de cette maladie. Ma part est infime évidemment mais j’aime imaginer que si cette goutte d’eau n’était pas dans l’océan, elle manquerait. 

Aujourd’hui, Fanny, c’est une nouvelle femme ? Celle qui écrit le nouveau chapitre de l’aventure d’une vie ?

Fanny : Une femme changée c’est certain. On reste foncièrement les mêmes mais les épreuves nous permettent d’entrevoir le monde sous de nouvelles perspectives, et finalement ça change presque toute la vision. On en apprend tellement sur soi et sur ce qu’on veut donner aux autres et à nous même pour le reste de cette vie si fragile et incertaine.

À toutes les #kfighteuses qui te lisent aujourd’hui, est-ce que tu as quelque chose à dire à tes sœurs de combat ?

Fanny : J’aimerais leur dire qu’il faut qu’elles croient en elles, en leurs forces et en leurs capacités de résilience, que cette épreuve va les changer. Qu’elles y perdront peut-être des choses mais qu’elles en gagneront aussi. Qu’il faut prendre un jour à la fois, et qu’on trouve les armes tout le long du chemin.

Et à toutes les autres ? 

Fanny : Gardez un œil sur vos seins, apprenez à les connaître et à écouter les signaux de votre corps. Au moindre doute, consultez, le plus rapidement possible. Beaucoup me disent repousser leurs examens par peur d’avoir mal pendant leur mammo, mais si je peux me permettre (c’est pour votre bien), tout ce qui suit après l’annonce d’un cancer pris tard, est bien plus douloureux ;-)

 

Merci merci merci Fanny ! Non seulement tu es resplendissante mais tu es aussi la preuve qu’au-delà du cancer, de si belles choses sont possibles. Tes modèles pour femmes et pour enfants sont canons ! On vous invite toutes à aller faire un tour sur le site de Fanny, sur son compte IG pour ne plus rien rater…

Et bien sûr, télécharger l’appli Keep A Breast, pour, comme vous le conseille Fanny, garder un œil sur vos seins ! Vous pouvez le faire depuis cette page !